Jean-François AGAESSE (? – 2014)


La nouvelle du décès de Jean-François Agaesse est tombée mardi me prenant de court et me laissant triste et déçu. Triste parce qu’avec Jean François, c’est une figure du club qui disparaît, un homme de l’ombre que la jeune génération n’a peut-être pas connu mais qui mérite, au moins une fois, d’apparaître en pleine lumière pour recevoir le juste hommage en
remerciements de ce qu’il a fait pour le SCUF. Déçu parce que, depuis qu’il avait choisi de quitter Paris pour se retirer aux pieds des Alpes, j’ai, insidieusement, laissé se détendre le fil d’une relation forte, tissée dans les années 90. Je suis certain qu’il ne m’en a pas voulu tant sa gentillesse et sa bonté le mettaient au-dessus de ces mesquineries de l’âme. Je sais que, depuis un certain temps, la communication devenait plus difficile mais je sais aussi qu’il avait gardé pour le SCUF une tendresse qui se nourrissait, notamment, des informations
distillées par le SCUF Mag ou l’un de ses ancêtres.

Jean François n’a pas été joueur au SCUF mais c’est au rugby, en tant que dirigeant des juniors, au moment où son fils y jouait, qu’il a fait ses classes aux côtés d’Albert Guyon. Le binôme
fonctionnait bien car Jean François savait que pour que le navire avance, il faut un capitaine et un soutier. Pas du tout vexé de ce rôle un peu ingrat de soutier qu’il accomplissait avec grand professionnalisme, il n’ignorait pas, néanmoins, que s’il n’y a plus de combustible dans la machine, le meilleur capitaine du monde ne peut empêcher le navire de dériver.

La grande chance du SCUF fut que Jean François parte en retraite et qu’il ait envie de la rendre active et de lui donner du sens. Tout d’abord Secrétaire Général adjoint, j’hésite à dire qu’il m’a secondé en tant que Secrétaire Général. Le travail, du Secrétariat Général c’était lui et c’est un vrai travail à plein temps qu’il exerçait. Et, il le fallait car le Club tanguait avec des finances tendues et des fins de saison difficiles. A tout seigneur tout honneur, je lui ai demandé d’assumer le poste de Secrétaire Général, le titre me paraissant naturellement devoir
accompagner les responsabilités. Ce troc de titre ne changea rien à notre complicité et lui, l’ainé, me gratifiait volontiers du vocable de vieux frère dans nos tête-à-tête du 31 rue Gauthey.

 

Reunion de direction du SCUF en 1990. Jean-François Agaesse se trouve à droite entre le Président du SCUF Rugby Bruno Martin-Neuville et Jean-Michel Hamet

Reunion de direction du SCUF en 1990. Jean-François Agaesse se trouve à droite entre le Président du SCUF Rugby Bruno Martin-Neuville et Jean-Michel Hamet

J’aurais aimé qu’il fût Secrétaire Général pendant les festivités du Centenaire car, sans lui, je ne suis pas persuadé que le SCUF aurait franchi le cap précédent. Son départ, une année avant, m’a renvoyé à ma solitude et j’ai failli baisser les bras tant le vide était immense. Une fois de plus, l’instinct de survie a animé ce vieux club et la vie a continué avec, à la clé, un
développement qu’il devait apprécier de loin. Lors de la parution du livre de notre ami Jean Hospital, en 2004, j’ai, en préface, rendu hommage à deux figures qui m’ont marqué au SCUF, Jean Mélard et Jean François Agaesse. Voici ce que j’écrivais :

« Je voudrais aussi évoquer deux personnes qui ont marqué la vie de ce club tant leur engagement fut total et tant j’ai de plaisir à dire que nous avons travaillé ensemble. Le premier est Jean Mélard, qui jusqu’au bout de ses forces, a donné son temps au SCUF, aimant, à parts égales la natation et le rugby, toujours prêt pour quelque nouvelle croisade qui redonnerait son lustre à son club. Le second, Jean François Agaesse, secrétaire général adjoint puis secrétaire général, qui a littéralement tenu la maison SCUF dans les années difficiles entre 1990 et 1994. Leur caractéristique commune a été de donner et donner encore sans autre ambition que faire remplir au SCUF sa mission : donner le goût du sport et offrir à tous la possibilité de le pratiquer ».

Jean François est parti rejoindre Jean.

Repose en paix, vieux frère.

Pascal Wagner (Président du SCUF Omnisport 1992-2016)